L’histoire générale de notre village

Il était une fois un petit village Gaulois implanté sur cette colline d’origine morainique. Quelques maisons recouvertes de chaume comprenant une seule pièce, le confort était relatif, mais on vivait libre, cultivant le blé, pratiquant l’élevage, la chasse et la cueillette.

Puis vint l’occupation romaine.

Un camp fortifié fut établi au Nord de la colline dominant la plaine et contrôlant la route allant de Lugdunum à Crémiacum (autrement dit Crémieu). Ce camp militaire fut commandé par un nommé Pusinius, Lieutenant de César.

Ce qui a laissé supposer qu’il aurait ainsi transmis ultérieurement son nom à la Bourgade.

Puis, les Burgondes s’installèrent sur le site. Plus tard, au début du Moyen Age, une motte féodale fut érigée sur l’ancien emplacement du camp romain ; d’abord tour de bois, puis construction de galets, appelé vieux chatel.

Mais au fil des siècles, cette construction s’avéra trop modeste pour faire face aux querelles avec les seigneurs voisins.

Aussi, au 12ème siècle, la construction d’un château fort fut entreprise par les seigneurs locaux, les « de Moifond », fortification importante, dominant la plaine au sud et la forêt de planaise.

L’enceinte était assez vaste pour accueillir les paysans venant s’y réfugier en cas de conflit.

Les années passaient, et en 1389, le roi Charles VII donna l’autorisation de démolir l’antique « Vieux Chatel ».

En juin 1430, le château se trouva mêlé à un événement d’une très grande importance, l’avenir du Dauphiné.

En effet, Louis de Chalon, prince d’Orange, qui jouissait de la confiance de son suzerain, le Duc de Bourgogne, avait décidé de conquérir le Dauphiné afin de relier son domaine de Franche Comté à sa principauté d’Orange.

Le projet était ambitieux et aurait donné naissance à un domaine extrêmement puissant.

Alix de Varax, propriétaire du Château de Pusignan, prend le parti du Prince d’Orange et accueille une garnison orangiste.

Le gouverneur du Dauphiné, Raoul de Gaucourt, sentant le danger, demande l’aide du Sénéchal de Lyon, Humbert de Grolée.

Mais, ceux-ci, ayant conscience de leur infériorité numérique, s’adjoignent alors les services d’un redoutable capitaine de routiers qui campe dans le Vivarais : Rodrigue de Villandrando.

Les Dauphinois et leurs alliés, devinant l’attaque imminente, prennent l’initiative et s’emparent des châteaux déjà occupés par les troupes orangistes : AUBERIVES – PUSIGNAN – AZIEU – COLOMBIER, à l’exception de celui d’ANTHON toujours aux mains des orangistes.

Mais devant leur infériorité numérique, c’est la ruse qui est utilisée.

Nous sommes le 11 juin 1430.

Louis de Chalon, fort de son impressionnante supériorité numérique avec ses 4 000 hommes, s’avance en toute tranquilité au secours du château de Colombier dont il ignore la rédition.

Il s’engage sur le chemin d’Anthon à Colombier qui serpente à travers bois, là ou précisément les 1 600 combattants dauphinois et alliés sont en embuscade dans les taillis, près du village de Janneyrias.

La colonne orangiste, étirée dans le chemin étroit, est brusquement surprise de toutes parts.

La puissante cavalerie orangiste ne peut manoeuvrer et est prise au piège, les chevaux se cabrent. Bientôt, c’est la confusion générale et le sauve qui peut en direction d’Anthon. Les fuyards abandonnent armes et bagages et se sauvent à travers bois.

Plus de 200 hommes se noient en essayant de franchir le Rhône tumultueux.

Seuls 300 cavaliers avaient pu s’échapper avec leurs montures sur les 1500 que comptait la colonne.

Le Prince d’Orange ne dut son salut qu’à la vigueur et à la rapidité de son coursier, sur lequel il réussit, tout ensanglanté, à traverser le Rhône à Anthon.

Le surlendemain, 1 200 chevaux sellés et harnachés étaient vendus à Crémieu.

Ainsi s’achevait la « Bataille d’Anthon ».

Le Dauphiné était sauvé.

Le roi Charles VII confisqua le château de Pusignan à Alix de Varax qui avait pris le parti du Prince d’Orange et en fit don à Rodrigue de Villandrando, dont la vaillance avait été déterminante dans l’issue du combat.

Rodrigue de Villandrando ne résida que peu de temps à Pusignan avec sa troupe, attiré par de nouvelles aventures, mais on peut aisément supposer que la vie des villageois ne fut pas facile au contact de ces dangeureux voisins.

Le calme étant revenu, le château fut acheté en 1450 par Aymar de Poisieu, surnommé Cap Dorat à cause de sa longue chevelure blonde. Il avait été Lieutenant de Jeanne d’Arc et s’était illustré au siège d’Orléans.

Il devint le confident du Dauphin Louis II, futur Louis XI, et négocia le mariage de celui-ci avec Charlotte de Savoie, née aux Echelles.

En 1573, les descendants d’Aymar de Poisieu vendirent la seigneurie de Pusignan àFrançois de Costaing, seigneur du palais. Son petit-fils Aymar de Costaing fut un personnage remarqué.

En 1620, il avait 23 ans et était déjà en possession d’une charge dans la fauconnerie de Louis XIII. Par la suite, il devint Lieutenant Général de la Grande Fauconnerie de France et accompagnait fréquemment Louis XIII dans ses déplacements.

Malheureusement, Aymar de Costaing n’eut pas de descendant.

Aussi, il établit un testament en faveur d’un neveu, Claude de Camus d’Arginy, à la condition que celui-ci prit le nom et les armes des Costaing.

Claude de Camus d’Arginy, né aux environs de 1640, fit une carrière militaire éclatante. Il débuta comme cadet aux mousquetaires de Louis XIV et l’on peut facilement imaginer le panache et l’allure du personnage évoluant dans ce corps d’élite.

A la mort d’Aymar de Costaing, en 1679, et conformément aux conditions du testament établi par son oncle, Claude de Camus d’Arginy s’appela dorénavant :Claude Costaing de Pusignan.

Il servit dans presque toutes les campagnes de Louis XIV et commanda les régiments de Plessis Praslin et de Languedoc.

En 1679, Louis XIV devait récompenser son fidèle soldat en élevant au marquisat la seigneurie de Pusignan qui comprenait :

PUSIGNAN – MALATRAIT – MEYZIEU – CHASSIEU – BELVAY – SEPTEME

et était co-seigneur de Feyzin.

En 1689, Louis XIV décida d’aider Jacques II d’Angleterre à reconquérir son trône en envoyant un corps expéditionnaire en Irlande.

Claude Costaing de Pusignan commandait l’infanterie avec le titre de Maréchal de Camp. L’expédition mal préparée tourna au désastre.

Lors d’une attaque devant Londonderry, ville maritime du nord de l’Irlande, Claude Costaing de Pusignan reçu un coup de mousquet en pleine poitrine le 5 mai 1689.

Sans soins, faute de médicaments, et surtout de chirurgien, il agonit pendant 5 à 6 jours et mourut vers le 10 ou 11 mai.

Un grand militaire venait de s’éteindre au terme d’une glorieuse carrière.

On peut encore voir des traces de la litre funéraire qui fut peinte à sa mémoire sur les murs de l’ancienne église de Moifond, ainsi que dans l’église de Chassieu.

Claude Costaing de Pusignan étant mort sans postérité, le château fut vendu à différentes reprises pour échoir en dernier à Hugues Gautier de Mézia né en 1745.

Mais, dans les soubresauts d’une royauté décadente et qui n’avait pas su évoluer, la grande peur de 1789 fit son apparition. Une bande de brigands dauphinois venue de Bourgoin, pilla et brûla les châteaux de Domarin, Vaulx Milieu, la Verpillière, et le 28 juillet, celui de Janneyrias.

Enfin, vint le tour de celui de Pusignan. D’après la tradition, les habitants de Pusignan informés de ce qui se passait, avaient décidé de protéger le château en montant la garde. Au bout d’une dizaine de jours, ceux-ci commençant à se lasser, demandèrent à la Marquise de leur donner à manger.

Celle-ci mal inspirée refusa.

Les villageois irrités par si peu de reconnaissance rentrèrent chez eux.

C’est alors que les brigands dauphinois arrivèrent devant le château de Pusignan.

Certains paysans se joignirent à eux, pillant le château et y mirent le feu.

C’était le 29 Juillet 1789.

Malheureusement toutes les archives, qui auraient pu donner quantités d’informations sur le passé de PUSIGNAN, disparurent dans l’incendie.

La destruction du château fut consommée par un acquéreur de biens nationaux, qui l’utilisa comme carrière, vendant les pierres pour être utilisées pour de nouvelles constructions.

La destruction du château marquait la fin d’une époque et le commencement d’une ère nouvelle.

Les soubresauts de la Révolution étant retombés, la vie paysanne s’organisa sur de nouvelles bases, après répartition de terres et défrichage de forêts.

Une agriculture importante se développa : céréales, pommes de terre, puis plus tard betteraves à sucre, ainsi qu’un élevage de bovins très important dont la production lait et viande trouvait un débouché tout naturel vers la ville de LYON.

Un vignoble assez important assurait la consommation des villageois.

Après l’installation d’un relais de télégraphe Chappe vers 1820 au sommet de la tour de Ferraguet encore visible, l’évolution s’accélérait et transformait la vie du village.

Premières moissonneuses en 1830, première batteuse en 1850.

Puis, en 1881, un événement de première importance, la mise en service du Chemin de Fer de l’Est, entre Lyon et Saint-Genis d’Aoste, permettant des liaisons rapides et importantes tant pour les voyageurs que pour les marchandises.

Vers 1890 le village comptait 1400 habitants et était devenu un important centre d’élevage de vers à soie et de tissage de velours de soie.

Toutes les routes étaient bordées de mûriers dont le feuillage servait à la nourriture des chenilles du bombyx. Des cours d’élevage de vers à soie étaient enseignés à l’école et chaque élève avait son propre élevage à la maison, mais la maladie du ver à soie décima les élevages et amorça le déclin du village. Un quart de la population s’exila entre 1892 et 1893. Seule subsista l’acitivté des tisserands utilisant quelques deux cents métiers.

Enfin vint la tragédie de la guerre 14/18.

Les femmes remplaçaient, avec un courage exemplaire, les hommes partis au front, que ce soit aux travaux des champs ou à la conduite des métiers à tisser, tout en assurant leur rôle de mère de famille.

Hélas, 51 hommes ne revinrent pas, plongeant à jamais dans la détresse des familles éplorées.

Vers 1932, la crise de la soierie lyonnaise, entraina la fin de l’activité de nombreux tisserands, dont beaucoup complétaient leurs maigres revenus par une petite agriculture familiale.

Enfin la seconde guerre mondiale sonna le glas du tissage à PUSIGNAN.

Au terme de cette sombre et ténébreuse période, le 31 Aôut 1944, PUSIGNAN fut prise dans la tourmente des combats de la Libération et failli connaître le sort de DORTAN et LAVANCIA, deux communes de l’Ain, qui furent incendiées.

Avec la paix retrouvée, le village se tournait résolument vers l’avenir. L’agriculture se diversifiait en adjoignant aux cultures céréalières traditionnelles, un maraichage de qualité.